Mapping with Sudanese Women in Cairo
22.05.2025
Mapping with Sudanese Women in Cairo

En février 2024, le CEDEJ Khartoum—récemment relocalisé au Caire à la suite du déclenchement de la guerre au Soudan—en collaboration avec des chercheuses de l’Université de Padoue et des chercheuses affiliées au CEDEJ (Samrin Adam et Duaa Abuswar), a lancé un projet collaboratif visant à rendre visibles les expériences vécues des femmes soudanaises déplacées de force en Égypte.


Contexte

Depuis le début de la guerre au Soudan, le 15 avril 2023, plus de 700 000 Soudanais ont franchi la frontière égyptienne, la majorité s’installant au Caire. Malgré la violence du conflit et ses impacts migratoires et géopolitiques majeurs, l’attention internationale et académique portée à cette guerre demeure limitée, tout comme la compréhension des vies de centaines de milliers de réfugiés soudanais vivant au Caire. Pour combler cette lacune, notre projet met en avant les voix de ces communautés, en se concentrant particulièrement sur les femmes soudanaises vivant dans le quartier de Faysal. Faysal, quartier cosmopolite qui accueille des communautés yéménites, syriennes et soudanaises, a été choisi comme étude de cas afin d’examiner comment les populations déplacées reconfigurent l’espace urbain.

Approche méthodologique

À l’intersection de la géographie critique et des études sur les migrations, le projet adopte des méthodologies participatives telles que la cartographie collective et la contre-cartographie. Ces approches permettent de rendre visibles les expériences, les voix, les émotions et les trajectoires migratoires des femmes soudanaises. La cartographie collective est une pratique et un acte visant à représenter les savoirs, ressentis et perspectives de celles et ceux qui sont généralement exclus des représentations dominantes.

Le projet a été développé à travers une série d’ateliers de cartographie collective et de sessions créatives avec 14 femmes soudanaises (Aatiqa Ishaq, Afnan Moawia, Afraa Abdelhamid, Asawer Mohamed, Asia Hamdi, Asmaa Mohamed, Bara’a Ahmed, Habab El Tijani, Marwa Ahmed, Metche Jaa’far, Nada Amin, Nafisa Bakri, Randa Yassin, Tibyan Fathuraman). Entre février et octobre 2024, trois ateliers principaux ainsi que plusieurs rencontres de suivi ont été organisés. Les premières sessions ont consisté à travailler sur une carte Soudan–Égypte pour retracer les parcours migratoires et exprimer les expériences émotionnelles liées à l’exil. Les sessions suivantes se sont concentrées sur la relecture cartographique du quartier de Faysal, aboutissant à une contre-cartographie du territoire telle que vécue par les femmes soudanaises.

Des activités complémentaires ont été menées, comme un atelier de création de fanzine—débouchant sur un petit guide de Faysal—des enregistrements sonores des rythmes du quotidien, ainsi que des collaborations avec l’artiste visuelle soudanaise Randa Yassin, la graphiste Rayan Alhaj, l’anthropologue visuelle Farah Hallaba et le photographe Ahmed Nogud. Cette méthodologie créative a été enrichie par des entretiens individuels pour approfondir la diversité des expériences migratoires, les dimensions genrées de l’exil, et les relations entre les anciennes (arrivées avant la guerre) et les nouvelles diasporas soudanaises, mettant en lumière les convergences et les différences selon les temporalités.

Cette approche interdisciplinaire et participative a également permis de réfléchir à l’éthique de la recherche en contexte de conflit, en explorant diverses stratégies visant à éviter les pratiques extractives. Le projet répond également à l’urgence de diffuser les résultats de recherche sans attendre les délais souvent longs de la publication académique.

Le projet a abouti à l’exposition Akhir Faysal – Faysal, dernier arrêt et à une table ronde intitulée Un dialogue transdisciplinaire sur les expériences (et les imaginaires) des femmes soudanaises. L’exposition a été inaugurée le 1er novembre à l’Institut français d’Égypte, accompagnée tout au long du mois d’une série d’événements connexes, tels que des concerts et une projection de film.

Scientific Committee

Marie Bassi (Coordinator, CEDEJ-Khartoum); Mariasole Pepa (Postdoctoral Researcher, University of Padua); Samrin Adam (Lecturer, University of Khartoum); Duaa Abuswar (Fellow Researcher, CEDEJ-Khartoum).